• Il n'y a pas de "bonne" fessée    



    Pourquoi les fessées, les gifles et même des coups apparemment anodins comme les tapes sur les mains d'un bébé sont-elles dangereuses ?
    Elles lui enseignent la violence, par l'exemple qu'elles en donnent.

    Elles détruisent la certitude sans faille d'être aimé dont le bébé a besoin.

    Elles créent une angoisse : celle de l´attente de la prochaine rupture.

    Elles sont porteuses d'un mensonge : elles prétendent être éducatives alors qu'en réalité elles servent aux parents à se débarrasser de leur colère et que, s'ils frappent, c'est parce qu'ils ont été frappés enfants.

    Elles incitent à la colère et à un désir de vengeance qui restent refoulés et qui s'exprimeront plus tard.

    Elles programment l'enfant à accepter des arguments illogiques ( je te fais mal pour ton bien) et les impriment dans son corps.

    Elles détruisent la sensibilité et la compassion envers les autres et envers soi-même et limitent ainsi les capacités de connaissance.

    Quelles leçons le bébé retient-il des fessées et d'autres coups?
    Que l'enfant ne mérite pas le respect.

    Que l'on peut apprendre le bien au moyen d'une punition (ce qui est faux, en réalité, les punitions n'apprennent l'enfant qu'à vouloir lui-même punir).

    Qu'il ne faut pas sentir la souffrance, qu'il faut l'ignorer, ce qui est dangereux pour le système immunitaire.

    Que la violence fait partie de l'amour (leçon qui incite à la perversion).

    Que la négation des émotions est salutaire (mais c'est le corps qui paie le prix pour cette erreur, souvent beaucoup plus tard).

    Qu'il ne faut pas se défendre avant l'âge adulte.

    C'est le corps qui garde en mémoire toutes les traces nocives des supposées "bonnes fessées".

    Comment se libère-t-on de la colère refoulée?

    Dans l'enfance et l´ adolescence :

    On se moque des plus faibles.

    On frappe ses copains et copines.

    On humilie les filles.

    On agresse les enseignants.

    On vit les émotions interdites devant la télé ou les jeux vidéo en s'identifiant aux héros violents. (Les enfants jamais battus s'intéressent moins aux films cruels et ne produiront pas de films atroces, une fois devenus adultes).

    A l'âge adulte :
    On perpétue soi-même la fessée, apparemment comme un moyen éducatif efficace, sans se rendre compte qu'en vérité on se venge de sa propre souffrance sur la prochaine génération.

    On refuse (ou on n'est pas capable) de comprendre les relations entre la violence subie jadis et celle répétée activement aujourd'hui. On entretient ainsi l'ignorance de la société.

    On s'engage dans les activités qui exigent de la violence.

    On se laisse influencer facilement par les discours des politiciens qui désignent des boucs émissaires à la violence qu'on a emmagasinée et dont on peut se débarrasser enfin sans être puni: races " impures ", ethnies à " nettoyer ", minorités sociales méprises.

    Parce qu'on a obéi à la violence enfant, on est prêt à obéir à n'importe quel autorité qui rappelle l'autorité des parents, comme les Allemands ont obéi à Hitler, les Russes à Staline, les Serbes à Milosevic.

    Inversement, on peut prendre conscience du refoulement, essayer de comprendre comment la violence se transmet de parents à l'enfant et cesser de frapper les enfants quel que soit leur âge. On peut le faire (beaucoup y ont réussi) aussitôt qu'on a compris que les seules vraies raisons de donner des coups "éducatifs" se cachent dans l'histoire refoulée des parents.

    © Alice Miller
    Chacun est libre de diffuser ce texte, sous condition de ne rien y changer.
     

     

    Rédigé par Alice Miller le Jeudi 22 Mai 2003 à 00:00

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  • "S'excuser quand on a tapé un enfant, est ce suffisant?


    Je vais te proposer quelque chose, je vais imaginer que mon conjoint me batte, il a un accés de colère et il me frappe, me fait très mal et très peur, imaginons que ça ne lui soit jamais arrivé auparavant, et là tout à coup, ça explose...
    Je pense que je me sentirais très en colère révoltée, je pourrais partir peut-être, mais justement imaginons que je ne puisse pas m'en aller, que je sois totalement dépendante de lui.
    Même si ça n'est arrivé qu'une fois, il l'a fait, il a été capable de le faire, rien que cette idée là me laisserait complètement sur le carreau, il est donc capable de recommencer, pourquoi ne le ferait-il pas ?
    Je me sentirais misérable, pas capable de vivre avec quelqu'un qui m'aime assez pour ne jamais faire ce genre de truc, ce serait blessant et humiliant, mon estime de moi serait au plus bas.
    J'aurais peur de le mettre en colère, j'essaierais d'éviter ça à tout prix, je deviendrais donc une autre personne pour lui faire plaisir et éviter les coups. Ou bien alors au contraire je lui rendrais la vie impossible, et je deviendrais peut-être insensible aux coups... Mais je reviens à mon unique acte de violence de la part de mon conjoint, et je me demande si une telle chose arrivait ce qu'il faudrait qu'il fasse pour que je retrouve ma confiance en lui, je t'invite à te poser la même question, si ton mari te battait une fois, que lui faudrait-il faire pour que tu n'aies plus peur de lui ? S'excuser, ok c'est un minimum, un petit minimum,
    indispensable quand même, exprimer vraiment que ce qu'il a fait n'avait aucun rapport avec quoi que ce soit d'humain, reconnaître qu'il t'a fait mal ? Bon d'accord, mais pourquoi a-t-il fait ça ? Qu'est-ce qui s'est passé en lui ?
     

    Qu'est-ce que cette violence vient faire dans notre relation ? Pour ma part, si cela m'arrivait je serais extrêmement exigente, plus jamais ça, et comme je ne pourrais pas avoir de garantie, je crois que je lui demanderais de faire quelque chose pour ne plus recommencer, et je lui demanderais un engagement clair, outre le fait que dans son comportement beaucoup de douceur et de compréhension ne serait pas de trop, pendant suffisament
    longtemps pour que je me remette de cet acte intolérable.
    Pour ceux qui penseraient que pour un enfant c'est différent, je suis d'accord, c'est infiniment pire, l'enfant est plus sensible, il n'a pas suffisament de moyens pour exprimer sa souffrance et demander clairement réparation, il est non seulement dépendant de nous, mais il est presque un peu nous, en particulier les premières années, il ressent toutes les
    tensions, sans vraiment pouvoir agir dessus, il est très vulnérable, très dépendant, il n'a pas d'autres choix parfois que de se transformer en "gentil toutou obéissant" en attendant l'adolescence.
    Alors qu'est-ce qu'on peut faire pour réparer, on peut faire des tas de choses, mais surtout ce que l'on peut faire, c'est reconnaitre sa souffrance, et s'engager à ne plus recommencer. Commencer à réfléchir aux moyens à notre disposition pour lui faire une bonne vie, et devenir des adultes à ses côtés, protecteurs et aimants.
    Même si ça prend des années, c'est important de commencer... "
     

     

    Rédigé par cdk le Dimanche 6 Janvier 2008 à 10:32 |
    Tiré du site la maison de l'enfant

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  • Poser des limites

    "Quand un parent entend parler d'éducation non violente, il lui arrive de croire qu'il ne pourra plus dire non. Quelques éléments de réponses.


    Il ne s'agit pas de vivre sans limites, et sans règles de vie, mais simplement de ne pas punir, de ne pas frapper, de ne pas manipuler, mais dire non, je ne suis pas d'accord, contenir physiquement un tout petit qui se précipite pour traverser la route (avec force mais sans violence) et mille autres choses.
    Remettre en question nos règles aussi, c'est très intéressant.. . Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à tolérer cela ? D'ou cela vient-il ?
    Se rendre compte que lorsque l'on lâche une règle vraiment très profondément de l'intérieur, il n'y a plus aucun problème avec elle ! Les enfants sentent nos tensions, elles leur font faire beaucoup de "bêtises" qu'ils n'auraient jamais faites si nous étions moins perturbés.
    On peut aussi voir les choses de ce point de vue ... Qu'est-ce que ça doit être pénible et difficile pour nos enfants de vivre avec nous qui sommes de véritables handicapés émotionnels !
    De vivre avec des enfants blessés, alors qu'ils méritent d'être accompagnés par des adultes !
    Dire non, c'est naturel, ce qui ne l'est pas c'est de vouloir blesser l'autre pour qu'il fasse ce que nous voulons qu'il fasse.
    La motivation la plus efficace est entrainée par l'amour, la compréhension, le besoin de contribuer au bien être de l'autre.
     

    Pour les enfants, cela arrive peu à peu, et de plus en plus selon la façon que l'on a de les traiter.
    Mais c'est très clairement de nous que cet exemple provient. Pour autant je n'ai jamais laissé mes enfants faire n'importe quoi quand ils étaient petits, je disais non, j'expliquais (même si à deux ans, les paroles ne servent pas à grand chose), je jouais, et souvent je rouspétais !
    Punir est contreproductif et inefficace, c'est la porte ouverte au mensonge, car pour pouvoir faire ce qu'ils veulent nos enfants mentiront plus tard.
    Et puis, il y a une différence entre "je ne supporte plus que mes enfants crient parce que je suis épuisée" et "ils n'ont pas à crier", ceci pour prendre un exemple !
    Je trouve que leur demander d'aller à la cuisine pour crier tout leur saoul, dans une ambiance joyeuse, et non punitive, ça ne ressemble pas à une punition.
    Tout ça, je trouve que c'est très fin et subtil, un regard noir, une bousculade, une colère qui va loin, et on tombe dans la violence !

    J'insiste sur ce fil parce que c'est le coeur de la liste depuis longtemps ce sujet, et que c'est bien pour cela que j'ai fondé parents conscients.. . "


    Catherine Dumonteil Kremer

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  • Accessible également sur le site de la maison de l'enfant.

      

    « Sans fessée comment faire ? »

     

    Vous avez peut-être remarqué si vous êtes parents que le fait

    de vivre avec un enfant est une aventure complexe à laquelle

    nous ne sommes pas préparés.

    Nos attentes correspondent

    rarement à la réalité,

    et passés les premiers jours

    de vie de notre bébé, quand

    la magie qui entoure la

    naissance se dissipe

    nous pouvons être

    confrontés à de

    grosses surprises.

    La plupart du temps, nous souhaitons ce qu’il y a de

    meilleur pour notre enfant. Au moment de sa naissance

    nous avons généralement modifié notre ordre de priorités.

    Nous avons conscience que cet enfant est dépendant de

    nous, et qu’il a besoin de soutien et de protection.

    Pourtant, nous avons parfois beaucoup

    de difficultés à répondre à ses besoins.

    Notre enfant en grandissant nous

    pose beaucoup de défis, et nous sommes

    quelquefois surpris par nos réactions

    qui ne correspondent pas à ce que

    nous aurions souhaité.

    Sous l’emprise de la colère, il arrive que nous les

    frappions, que nous les punissions, que nous

    leur fassions peur. Nous savons aujourd’hui

    que la peur n’est pas un moteur efficace pour

    l’apprentissage, bien au contraire, effrayé, un

    enfant est sidéré et il ne peut pas comprendre ce

    que l’on attend de lui.

    De plus les conséquences négatives à long terme

    sur sa santé, son comportement, sa capacité à être

    en relation avec les autres ont été clairement

    démontrées et s’avèrent décisives pour son avenir.

    Nous avons peu de pistes pour faire autrement,

    mais la réflexion des parents et leur expérience

    dans ce domaine commencent à s’étoffer.

    Alors nous vous proposons quelques pistes issues

    à la fois d’ouvrages traitant de ce sujet et du travail

    de groupes de parents sur ce thème.

    Quelques suggestions

    Abandonnez l’idée que

    votre bébé vous manipule.

    Réconfortez votre bébé et répondez à ses

    besoins quand ce dernier les manifeste.

    10

    Ne laissez jamais votre bébé pleurer seul, restez avec lui,

    il a besoin de vous pour traverser une émotion difficile.

    Essayez de trouver une réponse appropriée.

    Si écouter pleurer votre enfant vous met en colère ou

    déclenche de la violence, faite appel à votre partenaire, ou

    peut-être à un ami qui pourra en votre présence écouter

    votre enfant.

    11

    Si vous le pouvez, ne tentez pas de « réguler » ses besoins

    physiologiques. Un bébé ou un bambin sait instinctivement ce

    dont il a besoin, au moment où il en a besoin.

    Il sait quand il a froid ou faim, il le sait d’autant plus et d’autant

    mieux que ses parents lui permettent de faire ses propres expériences.

    Bien des luttes pourraient être évitées si par exemple nous acceptions

    que notre enfant ait faim ou pas au moment des repas, mais aussi

    en dehors des heures prévues.

    Par convention, nous mangeons à une heure précise, les enfants,

    eux, mangent quand leur corps le réclame. A lire certains spécialistes

    de la nutrition, ils sont sur la bonne voie !

    Concernant les repas, votre rôle pourrait consister à proposer des

    aliments sains, votre enfant, lui, choisira la quantité, la fréquence

    et les aliments.

    12

    Votre enfant grandit et commence à se déplacer…

    Il veut toucher à tout, c’est tout à fait normal,

    il accomplit son travail d’être humain en développement.

    Certains parents ont choisi d’adapter leur environnement

    en conséquence, et cette période de découverte a été plus

    reposante pour eux.

    D’autres ne l’ont pas souhaité, et ont eu beaucoup plus de

    limites à poser...

    La plupart ont opté pour une solution mixte qui a permis

    à leurs enfants de se familiariser progressivement avec la

    fragilité de certains objets.

    13

    Les confrontations surviennent d’autant plus que la curiosité et la

    mobilité de votre enfant augmentent et le poussent à l’exploration,

    il a un monde à découvrir.

    Quelques idées pour accompagner votre enfant dans ses expériences :

    - Un bambin (parfois à partir de deux ans) aime beaucoup participer

    aux activités de la maison : rincer des légumes, apprendre à les

    éplucher, à les couper, balayer, nettoyer le sol ou les vitres…

    Lorsqu’un enfant est nourri par une activité qu’il aime, il peut

    être très concentré, votre vigilance vous semblera moins nécessaire.

    - Lorsqu’il s’empare d’un objet que vous ne souhaitez pas qu’il

    touche, essayez d’en trouver un autre moins dangereux ou fragile

    et qui présentera autant d’intérêt pour lui.

    - S’il persiste à vouloir « toucher maladroitement » quelque chose

    de délicat qui est précieux pour vous, empêchez-le fermement mais

    tendrement de s’en approcher.

    - Il est possible qu’il se mette alors à pleurer ou qu’il fasse une

    crise de rage, c’est la conséquence logique de la frustration. Ecouter

    ces manifestations très intenses de déception pourra peut-être

    constituer pour vous un véritable défi. La plupart des crises

    durent une quinzaine de minutes.

    - Il est essentiel de protéger votre enfant du danger, le contenir peut

    aider, des explications claires et concises également.

    14

    Vous trouverez d’autres options en réfléchissant

    avec votre partenaire, vos

    amis engagés sur la même voie que

    vous, d’autres parents qui travaillent

    au sein de groupes de soutien. Une

    sélection de livres à la fin de ce

    fascicule vous aidera également sur

    ce chemin. Les solutions sont aussi

    nombreuses que les difficultés qui

    se présentent chaque jour, il suffit

    de se poser ces questions :

    Que puis-je mettre en oeuvre qui

    ne soit ni violent, ni punitif, ni

    excluant ? Quelle solution créative,

    légère, pourrais-je trouver ?

    Cela permet très souvent d’amorcer

    le processus, et on devient de plus

    en plus capable de trouver des idées

    en dehors de nos conditionnements

    éducatifs, qui nous poussent à

    revenir inconsciemment aux

    anciennes « méthodes » et qui

    reviennent finalement à blesser

    les enfants.

    15

    Les « bonnes » habitudes.

    Chaque famille a

    ses propres règles de

    vie. Comment les

    transmettre aux

    enfants sans menace,

    chantage ou punition ?

    C’est une question

    complexe, mais voici

    un embryon de réponse.

    Prenons l’exemple du brossage des dents.

    Vous avez peut-être commencé à brosser les dents de votre enfant

    quand il était bébé avec une brosse spéciale, en grandissant, il

    souhaite le faire lui-même. Tout va bien.

    Que faire si votre situation n’est pas aussi idyllique (et nous

    sommes nombreux dans ce cas !) ?

    Vous pouvez :

    - L’accompagner chez un dentiste afin qu’il lui explique le bien fondé

    de l’hygiène dentaire, et la manière de s’y prendre. L’avis d’un professionnel

    a souvent plus de poids que nos récriminations désespérées.

    - Jouer à se brosser les dents ensemble pendant un temps déterminé

    par une minuterie de cuisine, quand elle sonne c’est terminé.

    - Vous brosser les dents assidûment. Votre enfant apprend surtout

    par imitation.

    - Lui brosser les dents vous-mêmes, y compris s’il est grand, sans le

    forcer, plutôt en jouant, cela risque de le faire beaucoup rire !

    - Le faire activement participer à la recherche de solutions.

    16

    Dans une situation classique de pose de limites, n’hésitez pas à

    dire « non », et, en même temps, soyez prêts à écouter la tristesse,

    la déception, ou la colère de votre enfant après ce refus.

    Permettez à votre enfant d’exprimer un « non », il apprendra

    ainsi à se positionner en toute sécurité.

    17

    Lorsque votre enfant commet une maladresse par jeu,

    pour explorer, parce qu’il est fatigué ou stressé, il peut

    réparer tout simplement. Veillez à ce que cette réparation

    soit compatible avec son développement psychomoteur,

    proposez-lui toujours de l’aide.

    Jouez aussi fréquemment que possible avec lui,

    le jeu est un moyen très efficace de se connecter à lui

    et de lui donner de l’attention.

    18

    19

    Que faire si la colère vous submerge ?

    - Isolez-vous si cela est possible. Certains parents se défoulent alors

    en criant ou en tapant dans un coussin, d’autres préfèrent partir

    faire un tour…

    - Respirez profondément.

    - Grognez comme un animal sauvage, ça peut aider aussi.

    - Téléphonez à un(e) ami(e) et racontez-lui combien c’est difficile.

    - Eloignez-vous toujours de votre enfant si vous sentez de la

    violence monter en vous.

    - Une fois la colère passée, essayez de retrouver ce qui l’a déclenchée,

    cela vous aidera pour les prochaines crises.

    Pensez à ses besoins, et aux vôtres.

    20

    Prenez soin de vous...

    21

    Chacun d’entre nous possède un réservoir affectif.

    Lorsqu’il est plein, notre seuil de tolérance est très haut,

    nous vivons chaque événement avec optimisme et enthousiasme.

    On pourrait dire que tout va bien dans notre vie.

    22

    Par contre, lorsque notre réservoir affectif est vide,

    notre seuil de tolérance est bas, nous sommes

    fatigués, parasités par les soucis de la vie

    quotidienne, nous devenons alors infiniment

    moins compréhensifs.

    23

    Pour un enfant, c’est exactement

    le même processus qui est à l’oeuvre.

    Lorsque ses besoins sont comblés,

    y compris les besoins d’attention

    et de contact, il est joyeux et coopératif.

    A l’inverse, lorsque son réservoir est vide,

    il n’a que peu de moyens de demander

    clairement ce dont il a besoin. Il va

    devenir agressif, cette agressivité n’est

    qu’un appel au secours.

    Paradoxalement, il n’est pas attirant au

    moment où il a le plus grand besoin de nous.

    24

    Surtout …

    Ne vous attendez pas à un résultat immédiat. Quand on essaie d’établir une

    relation de confiance avec son enfant, qu’on ne le frappe plus et qu’il n’est

    pas puni, on peut avoir le sentiment de sans cesse remettre notre ouvrage sur

    le métier. Nous ne soumettons plus notre enfant, nous n’attendons plus de lui

    une obéissance automatique. Nous sommes plutôt là pour l’aider à grandir, et

    grandir ne signifie pas apprendre à se soumettre. Cela signifie plutôt être en

    contact avec soi et les autres, apprendre à rechercher un équilibre entre nos

    besoins et ceux des autres, savoir établir des priorités, devenir conscient... Il

    faut du temps pour apprendre le monde !

    Comprendre notre propre enfance

    Dans son livre « La connaissance interdite », Alice Miller disait qu’en chacun

    de nous se trouve une pièce où sont enfermés tous nos vieux monstres (toutes

    nos blessures d’enfant), et elle ajoutait que seuls nos enfants détiennent la clé

    de cet endroit terrifiant. Nos enfants réactivent nos vieilles blessures, à nous

    de les identifier et de les travailler afin de ne plus être entravé par elles. Nos

    bambins nous mettent parfois brutalement face à nous-mêmes et à notre

    histoire, c’est l’occasion de prendre conscience de ce qu’a été notre vie d’enfant.

    25

    Et profitez bien de votre vie de famille,

    le temps passe très vite !

    Le fait de vouloir leur donner ce que nous n’avons pas reçu génère bien des

    conflits et des tiraillements.

    Alors n’oubliez pas que vous n’êtes pas seuls dans cette aventure :

    Essayez de ne pas vous isoler.

    Pensez à votre propre soutien, et organisez-le.

    Ayez confiance dans votre capacité à trouver des solutions respectueuses pour

    poser les limites à vos enfants.

    Contactez des associations qui valorisent le soutien de parent à parent, qui

    organisent des groupes de paroles.

    Sur Internet des groupes de soutien existent, ainsi que de nombreux sites qui

    publient des articles ou des témoignages parfois très motivants.

    Lisez tout ce qui peut vous encourager dans votre démarche, et informezvous

    !

    Si vous en avez l’occasion formez-vous aux techniques de communication

    interpersonnelles.

     

     

    26 Il n’y a pas de «bonne» fessée

      

    Un tract à diffuser largement autour de vous

    Pourquoi les fessées, les gifles et même des coups apparemment anodins comme

    les tapes sur les mains d’un bébé sont-elles dangereuses ?

    Elles lui enseignent la violence, par l’exemple qu’elles en donnent.

    Elles détruisent la certitude sans faille d’être aimé dont le bébé a besoin.

    Elles créent une angoisse : celle de l´attente de la prochaine rupture.

    Elles sont porteuses d’un mensonge : elles prétendent être éducatives alors qu’en

    réalité elles servent aux parents à se débarrasser de leur colère et que, s’ils frappent,

    c’est parce qu’ils ont été frappés enfants.

    Elles incitent à la colère et à un désir de vengeance qui restent refoulés et qui

    s’exprimeront plus tard.

    Elles programment l’enfant à accepter des arguments illogiques ( je te fais mal

    pour ton bien) et les impriment dans son corps.

    Elles détruisent la sensibilité et la compassion envers les autres et envers soi-même,

    et limitent ainsi les capacités de connaissance.

    Quelles leçons le bébé retient-il des fessées et autres coups ?

    Que l’enfant ne mérite pas le respect.

    Que l’on peut apprendre le bien au moyen d’une punition (ce qui est faux, en

    réalité, les punitions n’apprennent à l’enfant qu’à vouloir lui-même punir).

    Qu’il ne faut pas sentir la souffrance, qu’il faut l’ignorer, ce qui est dangereux

    pour le système immunitaire.

    Que la violence fait partie de l’amour (leçon qui incite à la perversion).

    Que la négation des émotions est salutaire (mais c’est le corps qui paie le prix

    pour cette erreur, souvent beaucoup plus tard).

    Qu’il ne faut pas se défendre avant l’âge adulte.

    C’est le corps qui garde en mémoire toutes les traces nocives des supposées «bonnes

    fessées».

     

     

    Comment se libère-t-on de la colère refoulée ? 27

      

    Dans l’enfance et l´adolescence :

    On se moque des plus faibles.

    On frappe ses copains et copines.

    On humilie les filles.

    On agresse les enseignants.

    On vit les émotions interdites devant la télé ou les jeux vidéo en s’identifiant aux

    héros violents. (Les enfants jamais battus s’intéressent moins aux films cruels et

    ne produiront pas de films atroces, une fois devenus adultes).

    A l’âge adulte :

    On perpétue soi-même la fessée, apparemment comme un moyen éducatif efficace,

    sans se rendre compte qu’en vérité on se venge de sa propre souffrance sur la prochaine

    génération.

    On refuse (ou on n’est pas capable) de comprendre les relations entre la violence

    subie jadis et celle répétée activement aujourd’hui. On entretient ainsi l’ignorance

    de la société.

    On s’engage dans les activités qui exigent de la violence.

    On se laisse influencer facilement par les discours des politiciens qui désignent des

    boucs émissaires à la violence qu’on a emmagasinée et dont on peut se débarrasser

    enfin sans être puni : races « impures », ethnies à « nettoyer », minorités sociales

    méprisées.

    Parce qu’on a obéi à la violence enfant, on est prêt à obéir à n’importe quelle autorité

    qui rappelle l’autorité des parents, comme les Allemands ont obéi à Hitler, les Russes

    à Staline, les Serbes à Milosevic.

    Inversement, on peut prendre conscience du refoulement, essayer de comprendre

    comment la violence se transmet de parents à l’enfant et cesser de frapper les enfants

    quel que soit leur âge. On peut le faire (beaucoup y ont réussi) aussitôt qu’on a

    compris que les seules vraies raisons de donner des coups «éducatifs» se cachent

    dans l’histoire refoulée des parents.

    Alice Miller

    Chacun est libre de diffuser ce texte,

    sous condition de ne rien y changer.

    Jeudi 22 Mai 2003

     

     

    28 Bibliographie :

      

    Pour comprendre les effets nocifs des punitions corporelles

     

    “La fessée”, Olivier Maurel, Editions La Plage.

    “C’est pour ton bien”, Alice Miller, Editions Aubier.

    “La connaissance interdite”, Alice Miller, Editions Aubier.

    “Faut-il battre les enfants ?”, Jacqueline Cornet, Editions Hommes et perspectives.

    Pour poser les limites autrement

    “Parents efficaces”, Thomas Gordon, Editions Marabout.

    “Eduquer sans punir”, Thomas Gordon, Editions de l’Homme.

    “Les mots sont des fenêtres ou bien ils sont des murs”, Marshall Rosenberg,

    Editions Syros.

    “Poser des limites à son enfant et le respecter”, Catherine Dumonteil-Kremer,

    Editions Jouvence.

    “Jouons ensemble autrement, poser les limites et relâcher les tensions par le jeu”,

    Catherine Dumonteil-Kremer, Editions La Plage.

    “Comprendre les émotions de son enfant”, Isabelle Filliozat, Editions Marabout.

    “Pleurs et colères des enfants et des bébés”, Aletha Solter, Editions Jouvence.

    “Parentalité sans violence”, Claude Suzanne Didierjean-Jouveau, Editions Jouvence.

    “Jalousie et rivalité entre frères et soeurs”, Faber et Mazlich, Edition Stock.

    Pour comprendre les besoins de nos enfants

    “Bien comprendre les besoins de son enfant”, Aletha Solter, Editions Jouvence.

    “Elever son enfant… Autrement”, Catherine Dumonteil-Kremer, Editions La Plage.

    “Que se passe-t-il en moi ?”, Isabelle Filliozat, Edition Lattès.

    “Le quotidien avec mon enfant”, Jeannette Toulemonde, Editions L’instant présent.

    Quelques journaux destinés aux parents

    « L’enfant et la vie », le trimestriel des parents chercheurs, depuis trente ans ce

    périodique prend position pour le respect des enfants.

    164 rue de Lille, 59420 Mouvaux.

    www.lenfantetlavie.fr

    « Grandir autrement », un bimensuel tout récent, qui a déjà publié un excellent

    hors série sur le thème de la non-violence dans l’éducation.

    5 rue Colmar 80090 Amiens.

    www.grandirautrement.com

    29

    « Ressources parents », le bulletin de La Maison de L’Enfant,

    dédié au soutien des parents.

    Ressources parents / Gaelle Benoit, Le village, 05000 Fouillouse.

    www.lamaisondelenfant.org

      

     

    Réseau de soutien sur le net, la liste de discussion « Parents conscients »,

     

    créée et modérée par la Maison de l’Enfant :

     

    http://fr.groups.yahoo.com/group/Parents_conscients

    Autres ressources :

    Le site de l’association “Ni claques ni fessées” :

    http://www.niclaquesnifessees.org/

    Le site de l’Observatoire de la Violence Educative Ordinaire :

    http://www.oveo.org/

    Le site d’Alice Miller :

    http://www.alice-miller.com/index_fr.php

    Le site de La Maison de L’enfant :

    http://www.lamaisondelenfant.org

    Si vous souhaitez participer à la journée de la non violence éducative le 30 avril :

    - Joignez-vous à un groupe de parents, toutes les initiatives

    régionales sont signalées sur le site de La Maison de L’Enfant.

    - Animez une réunion et inscrivez-vous sur la liste des organisateurs :

    http://fr.groups.yahoo.com/group/journeedu30avril

    - Diffusez ce livret autour de vous.

    - Pour tout renseignement sur cette journée dans votre région :

    CONTACTEZ-NOUS !

    La Maison de L’Enfant

    Tél. : 00.33.(0)4.92.56.14.01 ou 02.97.39.86.57

    Email: journeedu30avril@yahoo.fr

    Site web : www.lamaisondelenfant.org

    30

    Catherine Dumonteil-Kremer

    cdumonteilkremer.com

    Illustration : Elsa Pastor

    delespoir.com

    avec le concours de :

    Anne-Marie Bellorget, Christian Cools

    Mise en page : Noémie Renevey

    Plaquette de La Maison de L’Enfant pour

    la journée de la non violence éducative.

    Chacun est libre de reproduire ce fascicule

    à la condition de ne rien y changer.

    Edité par La Maison de l’Enfant, 2007.

     


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  • Nous vous présentons ici deux magazines "différents" pour nos enfants

    Pitaya (pas encore sous forme papier mais accessible via internet) pour les plus petits

    et

    Cram Cram pour les 6- 12 ans

     

    http://pitaya-magazine.com/category/les-magazines/ (lisez la bande dessiné "un cercle de bonheur"! C'est un régal! Et illustre parfaitement comme chaque mot et chaque geste (nos mots et nos gestes!) comptent!)

    http://cramcram.fr/

    Ils sont à feuilleter et à lire absolument! Un vrai coup de coeur ici!

    Et si vous en connaissez d'autres n'hésitez pas à nous en faire part!

     

     

     


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